Aujourd’hui, les aménagements hydrauliques ou barrages, en particulier
en Afrique sahélienne, pour développer l’irrigation, sont vivement
critiqués.
En novembre 2000, à Ouagadougou, au Burkina Faso, un colloque
international s’est réuni sur le thème : "Eau et santé, impacts
sanitaires et nutritionnels des hydro-aménagements en Afrique". En
mars 2001, une journée d’action internationale contre les barrages a
été organisée. Ces initiatives rejoignent les constats du rapport de
la commission mondiale des barrages créée par la Banque mondiale "si
les barrages ont apporté une contribution importante au développement
humain... les bénéfices ont souvent été payés d’un prix inacceptable,
et souvent inutile".
Certes, les barrages apportent incontestablement des bienfaits :
* production d’hydroélectricité (en Afrique, elle représente 80 % de
la production totale d’électricité),
* régularisation des fleuves qui permet d’éviter de graves
inondations,
* meilleur contrôle de l’approvisionnement en eau des cultures.
L’irrigation, à partir des eaux des cours d’eau ou de celles
artificiellement retenues derrière des barrages, petits ou grands,
a été perçue comme un des principaux moyens d’augmenter la
production agricole.
Toutefois, les "nuisances" engendrées par les barrages paraissent, de
l’avis de certains experts, trop chèrement payés par la population.
* En premier lieu, la prévalence augmentée de certaines maladies (le
paludisme, l’onchocercose, les schistosomes, la dengue). La
multiplication de points d’eau autour des villages peut accroître
le nombre de sites de reproduction des vecteurs de ces maladies.
Les agents pathogènes qui se trouvent dans les plans d’eau de
surface sont à l’origine de nombreuses infections
gastro-intestinales : ils servent de lieux de toilette et
d’évacuation des déchets, tout en constituant des aires de jeu
pour les enfants.
* En second lieu, l’irrigation n’améliore pas nécessairement la
nutrition, parce que les femmes qui pratiquent les cultures
maraîchères sont souvent obligées de sevrer leurs enfants plus
tôt, mais aussi parce qu’elles ignorent souvent les vertus
alimentaires des légumes qu’elles cultivent.
Les interventions seront plus efficaces et moins onéreuses si elles
sont entreprises préventivement. Une concertation entre toutes les
parties concernées permettrait de mieux maîtriser l’organisation et le
développement harmonieux de toutes les activités rendues possibles par
la création d’un lac de barrage.
L’irrigation est une condition nécessaire du développement, mais elle
est insuffisante si l’irrigation n’améliore pas la nutrition et la